01/10/2005

octobre 2005

BRAZIL, BRAZIL !! OBJETS DE LUXE ?



A l’ère de la mondialisation, deux concepts relativement récents et plutôt assimilés à l’occident ; design et luxe, se généralisent à l’ensemble des sociétés, et dans le même temps se déforment et s’enrichissent à la rencontre d’autres cultures.

Dans une société brésilienne en mutation, le luxe ne peut plus se résumer ni aux richesses naturelles largement exploitées par les occidentaux depuis l’époque coloniale : or, pierres précieuses, bois exotiques…, ni à l’imitation d’un mode de vie européen (notamment français) puis plus tard américain comme symboles de modernité, ni même à l’expression d’un luxe tropical fait de vie facile, de soleil et de fête.
Une jeune génération de designers brésiliens, formés dans les écoles de Rio de Janeiro ou de Sao Paulo, s’inscrit dans la continuité des mouvements Moderniste et Tropicaliste, produits des échanges culturels entre Brésil et monde occidental dans la première et la deuxième moitié du XXe siècle.
Portée par le succès médiatique des frères Campana et de leur savant minimalisme baroque, elle s’affirme sur le plan international en développant des concepts qui correspondent aux critères occidentaux contemporains, tout en proposant un style et une identité spécifiques au Brésil d’aujourd’hui. Mais elle s’adresse aussi aux classes moyennes émergeantes du pays, en leur donnant accès à une création contemporaine novatrice non importée qui demeure par
conséquent abordable, démocratisant le design, encore assimilé au luxe.

O luxo do lixo : le luxe des ordures.
Dans la langue portugaise, la similitude des deux mots amène presque automatiquement à un questionnement sur ces valeurs, surtout dans une société urbaine brésilienne où une partie encore importante de la population vit dans les favelas, morceaux de ville entiers faits de matériaux récupérés et qui tendent aujourd’hui à se pérenniser avec l’aide des municipalités, comme une forme urbaine vernaculaire à part entière, plutôt que d’être remplacées par des constructions standards.
Aussi, les effets de surprise et les détournements, l’aspect ludique ou graphique, la sophistication dans la simplicité, les questionnements sur l’écologie ou la société de consommation, sont omniprésents dans une production riche mais qui ne cherche jamais à paraître couteuse, très proche des préoccupations de certains jeunes créateurs des pays riches, et parfois beaucoup plus légers dans leurs réponses à ces questions ultra-contemporaines.

Le fauteuil créé par les frères Campana en 2002 pour Edra qui porte le nom des bidon-villes brésiliens, constitué de petits morceaux de bois bruts collés manuellement entre eux pour former pieds, assise, dossier et accoudoirs, peut ainsi être identifié comme un symbole de ce nouveau design, dont le défi est de faire avec deux fois rien des objets utilitaires, et beaux ! - CB10/05









fauteuil FAVELA,

Humberto et Fernando CAMPANA,

Edra éd. 2002






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